Effectivement, nous avons longuement parlé avec Thierry Adeline au cours des précédentes consultations, des effets pervers de la déshydratation : élévation de la température interne, fatigue prématurée, troubles de la contraction musculaire, perte de la lucidité…

Avec une perte de 1 à 2 litres de sueur par heure, c’est déjà une température interne augmentée de 2 à 3 °C. Or, dans des conditions extrêmes, en tenant compte du climat et du profil de la course, le débit de la sueur peut s’élever jusqu’à plus de 3 L par heure. A la température extérieure supportée par le coureur, il faut ajouter l’activité musculaire en elle-même qui produit également un surcroît de chaleur.

Thierry va courir 246 km dans un environnement fortement marqué par des températures extérieures élevées. Ce handicap sera accentué par la pollution rencontrée notamment dans les milieux urbains. Pour combattre les effets cardio-accélérateurs dus à la chaleur et maintenir la pression sanguine artérielle nécessaire à l’activité cardio-vasculaire et locomotrice en plein effort, Thierry veillera à s’hydrater régulièrement et correctement. Correctement signifiant une prise hydrique de qualité. Fréquence d’hydratation, quantité d’absorption à chaque gorgée et qualité de la boisson… en résumé : Quand ? Combien ? Quoi ? Le tout visant à faciliter le travail de la vidange gastrique en pleine course.

Faire un point récapitulatif sur les conséquences d’un apport de liquides exclusivement basé sur l’eau durant la course, nous a paru essentiel, compte tenu des récentes difficultés vécues par Thierry en Lybie et en Algérie. Le risque d’hyponatrémie (diminution de la concentration en sodium dans le sang) est bien réel au-delà d’un apport de trois à quatre litres d’eau. Prosaïquement, on peut renvoyer l’hyponatrémie à une image d’empoisonnement par de l’eau : dégoût de cette dernière, nausées, vomissements, fatigue exagérée, céphalées doivent alerter le coureur au plus vite, bien avant les convulsions et le risque de coma. D’où l’importance de la qualité de la boisson et la recherche d’une boisson isotonique (de même concentration que le milieu plasmatique pour une meilleure assimilation). Cette boisson contiendra, en plus des ingrédients habituels, du chlorure de sodium plus connu sous le nom de sel de cuisine, de manière à s’approcher au maximum de l’équilibre hydro-électrolytique.

Au maximum, car il ne faut pas se leurrer : la balance hydro-électrolytique est toujours altérée lors des courses de très grande endurance. Le sodium principalement mais aussi le potassium sont souvent déficitaires. Or, il se trouve que ces mêmes électrolytes jouent un rôle capital dans la contraction musculaire.

En tenant compte des facteurs liés à la déshydratation, j’ai conseillé Thierry sur la variété et la régularité des prises hydriques, en me référant à ses habitudes : prise de 600 ml/h, petites gorgées régulières, boisson énergétique adaptée à l’effort à diluer en fonction de la chaleur, soupe qu’il supporte bien, soda au cola et une innovation qu’il aura testée bien sûr au préalable à l’entraînement : la prise régulière de sachet Vée mélangé à de l’eau (1 sachet pour 1 L à 1,25 L au maximum).

Le but recherché ici, avec les sachets Vée, est un apport de sodium et de potassium sous forme de sels désacidifiants de façon à obtenir un apport hydrique légèrement salé, mais aussi un effet antioxydant avec régulation du pH sanguin. Le fait qu’il y ait une légère production de dioxyde de carbone au contact de l’eau – effet limonade – stimulera les chémorécepteurs en bouche, les récepteurs du goût sur la langue et dans la cavité buccale, tandis que le bicarbonate de sodium facilitera de son côté la sécrétion gastrique.

Armé de toutes ces connaissances, Thierry s’évitera des erreurs d’application dans la gestion de son hydratation, tout au long de la course, en prenant garde de perdre ses repères vers l’arrivée : piège de l’euphorie, inévitable en fin de course…